historique edgar degas
Hilaire Germain Edgar de Gas, dit Edgar Degas, né le 19 juillet 1834 à Paris et mort le 27 septembre 1917 dans la même ville, est un artiste peintre, graveur, sculpteur, photographe, naturaliste et impressionniste français.
Si Degas est un membre fondateur du groupe des impressionnistes, son œuvre est si variée par ses thèmes et sa pratique qu'il ne les rejoint pas dans leurs traits les plus connus. Sa situation d’exception n’échappe pas aux critiques d’alors, souvent déstabilisés par son avant-gardisme, qui fait, encore aujourd’hui, l’objet de nombreux débats auprès des historiens d’art.
Edgar Degas était un aristocrate, fils d'Auguste de Gas, banquier, et de Célestine Musson, une créole américaine de La Nouvelle-Orléans. Son grand-père maternel, Germain Musson, d'origine française, est né à Port-au-Prince (Haïti) et s'est installé à La Nouvelle-Orléans en 1810.
Origine du nom
Si le peintre est né sous le patronyme de De Gas, il n’a en réalité fait que reprendre le nom d’origine de sa famille en se faisant appeler Degas. En effet, son grand-père paternel, le banquier Hilaire de Gas, a séparé son nom en deux après avoir quitté la France pour le royaume de Naples au moment de la Révolution. Ce dernier demeure à Naples où il épouse une jeune femme de la noblesse napolitaine et achète en outre une maison de campagne à Capodimonte, la villa Paternò, qui accueille plusieurs fois le jeune Edgar Degas en vacances. Le père d'Edgar, Pierre-Auguste, s'était installé à Paris pour ouvrir une filiale de la banque paternelle.
Enfance
Degas naît à Paris au no 8 rue Saint-Georges, le 19 juillet 1834, et grandit dans un milieu bourgeois cultivé. Il a deux frères et deux sœurs et jouit d’une enfance dorée rue Saint-Georges. Entre 1845 et 1853, il fait ses études au lycée Louis-le-Grand où il a pour professeur de dessin Léon Cogniet. Il y rencontre Henri Rouart, Paul Valpinçon et Ludovic Halévy qui seront ses amis intimes. En 1847, sa mère meurt à l'âge de trente-deux ans.
Les années de formation
Après son baccalauréat en 1853, Edgar Degas s'inscrit à la faculté de droit, pour satisfaire les ambitions de son père, mais arrête ses études en 1855. Dès 1853, il commence à fréquenter le Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. Dessinateur inlassable, il y copie des œuvres d'Albrecht Dürer, Andrea Mantegna, Paul Véronèse, Francisco de Goya, Rembrandt. Il passe ses journées au Louvre, où il est admis comme copiste le 7 avril 1853, fasciné par les peintres italiens, hollandais et français. Il s’inscrit dans l’atelier de Félix-Joseph Barrias, alors assez célèbre, puis étudie la peinture en 1855 avec Louis Lamothe, qui avait été un disciple d'Ingres et des frères Paul et Hippolyte Flandrin. De son côté, son père, amateur raffiné d’art et de musique, lui présente quelques-uns des plus grands collectionneurs de Paris, comme Lacaze, Marcille, et Valpinçon.
Un Autoportrait au col blanc de 1857 était conservé en 1966 dans une collection Mellon (reprod. ds le catalogue de l'exposition French Paintings Washington, National Gallery of Art, 1966, no 47).
À cette époque, en rupture avec son père qui s'oppose à sa vocation de peintre et à l'abandon de ses études de droit, Degas s'installe dans une mansarde non chauffée dans le Quartier latin. Il attribuait le début de ses problèmes oculaires, et plus tard de sa demi-cécité, au froid de l'hiver : « C'est dans cette mansarde que j'ai pris froid aux yeux ». Bien plus tard, en 1877, il écrivait à un ami : « Il m'arrive de voir passer devant mes yeux comme un léger nuage ».
En 1855, il commence à suivre des cours à l’École des beaux-arts de Paris. La même année, il rend visite à Ingres pour lui présenter ses dessins. Cependant, préférant approcher directement l’art des grands maîtres classiques tels Luca Signorelli, Sandro Botticelli et Raphaël, il entreprend de 1856 à 1860 de nombreux voyages en Italie, d’abord dans sa famille à Naples, puis à Rome et Florence, où il se lie d’amitié avec le peintre Gustave Moreau sans doute en 1858. En 1859, de retour à Paris, Degas prend un atelier au no 13 rue de Laval. En 1862, il rencontre Édouard Manet au Louvre, et fait la connaissance d'autres jeunes peintres et écrivains au Café Guerbois à Montmartre : Monet, Ludovic-Napoléon Lepic, Pissarro, Bazille, Fantin-Latour ou même Zola. Là les artistes échangent des points de vue, des critiques et des théories sur ce que doit être l'art.
Ses œuvres de jeunesse comptent quelques peintures d’inspiration néoclassique, mais surtout de nombreux portraits des membres de sa famille. En 1865, il expose au Salon Scène de guerre au Moyen Âge, ou encore le Portrait de Madame Camus en rouge en 1870. L'ami et écrivain Louis Edmond Duranty écrit à propos du jeune peintre copiant un Poussin au Louvre : « Artiste d'une rare intelligence, préoccupé d'idées, ce qui semblait étranger à la plupart de ses confrères, aussi profitant qu'il n'y avait pas de méthode de transition, dans son cerveau actif, toujours en ébullition, ils l'appelaient l'inventeur du clair-obscur social ».
Toujours profondément marqué par le style d'Ingres, il visite la rétrospective organisée après le décès du maître en 1867. Il part en voyage avec Manet à Boulogne-sur-Mer et Bruxelles où il vend trois tableaux, dont un à un ministre du roi des Belges. Degas signe son premier contrat avec un marchand belge. Il passe l'été de 1869 à Étretat et Villers-sur-Mer où il exécute ses premiers pastels.
Il s'enrôle dans l'infanterie lorsqu'éclate la guerre franco-prussienne de 1870 et, avec Manet, il est placé sous les ordres d'Ernest Meissonier.
En 1871, Degas se rend à Londres où il expose et Paul Durand-Ruel lui achète trois œuvres en 1872.
Le voyage en Louisiane
Entre octobre 1872 et mars 1873, il séjourne chez son frère René à La Nouvelle-Orléans, dans la famille de sa mère où il peint le Portraits dans un Bureau ou Le Bureau de coton à La Nouvelle-Orléans. Cette toile, qui présente son oncle, ses frères et ses cousins au travail, a été présentée à la seconde exposition Impressionniste, où Zola lui reproche d'être trop proche d'une illustration pour un journal illustré. En 1878, le Musée de Pau achète le tableau qui est la première œuvre de Degas à entrer dans une collection publique française.
Il revient à Paris, fin mars 1873 et s'installe au no 77 rue Blanche.
Malgré ses voyages en province et à l’étranger, en particulier en Italie, c’est Paris qui compte essentiellement pour Degas — et à Paris, Montmartre. Il fréquente certains cénacles, ateliers, cafés littéraires, la famille de l'ingénieur et artiste peintre Henri Rouart, la famille Manet, Berthe Morisot et Stéphane Mallarmé. Il mène avec quelques bourgeois, ses intimes, une vie conformiste de célibataire hautain, mais mondain. De son milieu familial, il conserve la réserve et le respect des principes. Sa délicatesse de cœur, son intransigeance morale, lui valent l’estime de tous, mais ses répliques cinglantes bien connues en font fuir quelques-uns et lui valent d'être surnommé le « terrible Monsieur Degas ». Il participe activement aux discussions qui réunissent les jeunes artistes d’avant-garde et son ami Édouard Manet au café Guerbois. Degas vit alors entouré de nombreux artistes comme Camille Desboutin, de Nittis, James Tissot, Zandomeneghi, Sognorini, Martelli, Gioli, mais aussi Chialiva, Rossano, Boldini, Stevens, Whistler… Plus tard il se lie d'amitié avec Mary Cassatt, Louise Catherine Breslau, Madeleine Zillhardt qui écrira sa biographie, puis avec Jean-Louis Forain, Paul Gauguin ou le marchand d'art Michel Manzi, puis se brouillera plus tard encore avec Claude Monet et Caillebotte.
Les expositions impressionnistes et la reconnaissance
Le 27 décembre 1873, Edgar Degas, Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Ludovic-Napoléon Lepic et Berthe Morisot, fondent la Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, société à capital et personnel variables, dont le gérant provisoire est Pierre–Firmin Martin. Ils y investissent leurs fonds propres pour organiser une première exposition dans les locaux du photographe Nadar. La réception critique de cette exposition donne son nom au groupe impressionniste alors que Degas, contre l'avis de Monet et de Renoir, aurait voulu l'intituler Les Intransigeants
De 1874 à 1886, Degas confie des œuvres aux expositions impressionnistes (il participe à sept d'entre elles sur huit) et participe très activement à leur organisation. Il a alors de très nombreux contacts avec des peintres de sa génération, notamment Camille Pissarro, mais aussi avec des artistes d’avant-garde plus jeunes.
En 1875, il voyage en Italie à Naples. Puis participe à la deuxième exposition des impressionnistes chez Paul Durand-Ruel. Degas change successivement d'atelier de la rue Blanche pour la rue Lepic. À partir de 1875, en proie à de nombreuses difficultés matérielles, la peinture devient sa source de revenus.
Le 13 avril 1876, le critique Arthur Baignières écrit : « En tête des hommes, nous plaçons Mr Degas, le pontife, je crois de la secte des intransigeants impressionnistes. ».
Dans les années 1880, alors que sa vue commence à décliner, Degas privilégie le pastel, auquel il mêle parfois l'aquarelle et la gouache. Les tableaux de cette période témoignent d’un travail très moderne sur l’expressivité de la couleur et de la ligne. Il parraine Paul Gauguin auprès des impressionnistes. En 1878, il peint La Chanteuse au gant (Cambridge, Fogg Art Museum). Degas va au concert, à l'Opéra, il mène une vie mondaine, le dimanche il va aux courses de chevaux… Toute la vie moderne et parisienne l'intéresse, aussi bien les cafés-concerts, les terrasses des cafés sur les grands boulevards, les prostituées ou les ouvrières blanchisseuses.
En 1881, il présente la statue de La Petite Danseuse de quatorze ans à la sixième exposition des impressionnistes ; la sculpture crée le scandale dans la presse. Il séjourne régulièrement chez ses amis Halévy et Blanche en Normandie entre Étretat et Dieppe où il participe à l'écriture de la pièce La Cigale qui se moque des impressionnistes de Barbizon. Le collectionneur et baryton français Jean-Baptiste Faure lui fait un procès pour des œuvres insuffisamment travaillées, procès que Degas perd. En 1884, après la rétrospective Manet, Degas achète trois Manet à la vente de l'atelier. En 1886, Paul Durand-Ruel organise la première exposition de Degas à New York où une vingtaine de nus crée la polémique.
En 1889, Joris-Karl Huysmans consacre un chapitre aux nus de Degas dans son recueil Certains. Degas travaille la sculpture. Vers 1890, il délaisse la peinture pour se consacrer au pastel, aux monotypes et pratique la photographie. Il achète des tableaux d'Ingres et de Delacroix. L’exposition de vingt-six paysages, qu’il présente en octobre 1892 à la galerie Durand-Ruel, est sa première et dernière exposition personnelle à Paris. En 1896, le legs Caillebotte est accepté par le musée du Luxembourg, sept œuvres de Degas intègrent alors les collections publiques. Degas expose ses photographies. Il achète des Cézanne pour sa collection.
À la fin des années 1890, il se plaint que sa vue baisse, il se consacre presque exclusivement à la sculpture, qu’il pratique déjà depuis une dizaine d’années, transposant ses sujets favoris dans la cire.
L'affaire Dreyfus
Célèbre pour son caractère intransigeant, son humour ou son mordant, Degas est un peintre craint pour ses jugements. Par exemple il disait de Meissonier, peintre méticuleux en renom alors et de petite taille : "Il est le géant des nains ! ".
L'affaire Dreyfus le brouille, en 1897, avec ses amis, en particulier son ami Ludovic Halévy (qu'il ne reverra que sur son lit de mort) et même toute la famille Halévy qu'il fréquentait, avec qui il ne renouera qu'après la réhabilitation du capitaine Dreyfus en 1908.
Edgar Degas, Jean-Louis Forain, Jules Lemaître et Gustave Schlumberger manifestèrent une vive colère dans le salon couru de Geneviève Straus (anciennement Madame Georges Bizet) lorsque Joseph Reinach défendit l'innocence de Dreyfus. Comme le critique Jules Lemaître, le peintre Auguste Renoir, les poètes José-Maria de Heredia et Pierre Louÿs, le compositeur Vincent d'Indy, entre autres, Degas fut membre de la Ligue de la patrie française, ligue antidreyfusarde modérée
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La rencontre avec Paul Valéry
En 1896, le jeune écrivain et poète Paul Valéry rencontre Degas dans son atelier 37, rue Victor Massé, par l'intermédiaire de Henri Rouart. Une amitié durable naît entre les deux hommes que 50 ans séparent, Degas a 61 ans, Paul Valery 24 ans. De cette rencontre Paul Valéry écrit sa rencontre dans son livre Degas, Danse, Dessin publié en 1936 par Ambroise Vollard.
Les dernières années
Degas se lie avec Suzanne Valadon qui pose pour lui. En 1903, Louise Havemeyer essaie d'acquérir la cire originale de La Petite Danseuse de quatorze ans, sans succès. À partir de 1905, le peintre se retranche de plus en plus dans son atelier, aigri par la cécité qui le gagne et l'incontinence prostatique. Il déambule en omnibus dans Paris suivant la prescription de son médecin qui lui a recommandé de marcher. En 1911, le Fogg Art Museum à Cambridge aux États-Unis lui consacre une rétrospective. En 1912, ruiné, il déménage au no 6 boulevard de Clichy dans un petit atelier-appartement que Suzanne Valadon, une des dernières modèles du peintre lui a trouvé ; sourd et démoralisé, il ne travaille presque plus. Il se met à errer dans Paris, quelquefois vêtu de haillons, marchant vers son ancienne adresse rue Victor-Massé, alors en démolition. En 1915, il refuse d'être filmé par Sacha Guitry, qui use d'un subterfuge pour le filmer marchant dans la rue dans Ceux de chez nous.
La faillite de sa famille (mort de son père, problèmes financiers de son frère Achille), son caractère difficile, son esprit mordant, ses boutades féroces, son antisémitisme, ses positions souvent intransigeantes, la progression inexorable de ses troubles oculaires et sa surdité, ont pu contribuer à accentuer la misanthropie si souvent dénoncée de ce vieux célibataire. Âgé, il continue pourtant à s’intéresser à la création, recevant des artistes dans son atelier jusqu’à son déménagement boulevard de Clichy, en 1912.
Pauvre et presque aveugle depuis quelques années, Degas meurt le 27 septembre 1917, à son domicile du 6 Boulevard de Clichy (18e), d’un anévrisme cérébral, âgé de 83 ans, entouré de ses collections. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Montmartre (quatrième division), accompagné par le représentant du ministre des Beaux-Arts, des peintres Henri Gervex, Léon Bonnat et Jean-Louis Forain en uniforme. Suivant les volontés de Degas, il n'y eut pas de discours : « Je ne veux pas de discours. Si ! Forain vous en ferez un, vous direz : il aimait le dessin ». Paul Valery note dans ses Cahiers que le peintre était « un chef-d'œuvre de l'esprit humain ».
L’année suivante, les œuvres accumulées dans son atelier et son importante collection sont dispersées aux enchères.